La légende de Gayant
Dans la Flandre médiévale, la cité florissante de Douai était un carrefour prospère, où se croisaient les routes du commerce du drap et du blé, reliant la Hollande aux foires de Champagne et de Paris. Dominant ce paysage de champs et de rivières, un majestueux donjon de pierres veillait sur la ville.
Mais cette riche cité était aussi régulièrement convoitée par les puissances voisines, passant tour à tour sous la domination de la Flandre ou de l'Espagne, au gré des conflits. Même les rois de France, tels Louis XI et Louis XIV, menèrent en personne des batailles pour tenter de la reconquérir.
C'est dans ce terreau fertile que s'est forgée la légende du forgeron Gaëan, surnommé "le Géant", qui vivait non loin de Douai, à Quentin, sous le règne de Charlemagne. Homme d'une force hors du commun, Gaëan avait construit de ses mains une imposante forteresse pour abriter sa famille. Sa femme Marie lui avait donné trois enfants, tous aussi grands et robustes que leur père.
Forgeron réputé, Gaëan armait les seigneurs des alentours, voire du royaume tout entier, grâce à ses épées légères mais solides. Son fils aîné, Jaco, travaillait à ses côtés depuis son plus jeune âge, et ensemble, ils faisaient résonner l'enclume de leur forge dans toute la région.
Mais un jour, alors que le royaume était affaibli après la mort de Charlemagne, des envahisseurs venus de la mer du Nord, aux bateaux effrayants, se mirent à ravager les campagnes, semant la terreur parmi la population. Réfugiés dans la forteresse de Gaëan, les villageois appelèrent le Géant à leur secours.
Malgré la fièvre qui le tenaillait, Gaëan, soutenu par son fils, n'hésita pas à prendre les armes pour défendre sa contrée. Contre toute attente, sa bravoure et celle de ses compagnons parvinrent à repousser les assaillants. Mais le Géant, épuisé, rendit finalement son dernier souffle, remerciant Charlemagne et l'archange Saint-Michel de l'accueillir au paradis.
Ainsi s'éteint la légende de ce loyal serviteur de la Flandre, véritable figure emblématique de ces temps troublés, dont le souvenir perdure encore aujourd'hui.